La parentalité positive, ou éducation bienveillante
- Moineau
- 7 août 2015
- 11 min de lecture

Qu'est ce que c'est la parentalité ? Pourquoi positive ?
La parentalité, c’est le « métier de parents » : un des plus beaux mais aussi un des plus difficiles qui soit, lourd de responsabilités ! Ce n’est pas que le simple fait d’avoir un enfant, c’est prendre son rôle de parent au sérieux pour élever son enfant, le préparer à devenir un adulte conscient, responsable, ayant confiance en lui, apte à gérer ses émotions et à l’aise dans ses relations sociales.
Malheureusement, tout l'amour du monde et toutes les meilleures intentions ne suffisent pas toujours. Nous avons souvent du mal à faire face à des situations auxquelles nous n’avons pas été préparés : crises de colère, chagrins, opposition, disputes entres frères et sœurs, émotions fortes... Dans ces moments où nous ne comprenons pas les réactions des enfants, ne savons pas vraiment comment réagir, notre cerveau choisi souvent les comportements que nous connaissons : ceux que nous avons nous-mêmes reçu. Qui ne s’est jamais surpris à dire où à faire des choses que nous nous étions pourtant promis de ne pas reproduire ?
Un mouvement pédagogique est né pour essayer de répondre à ces questionnements : la parentalité positive. C’est un ensemble d’outils qui permettent aux parents de mieux gérer ce genre de situations difficiles, tout en privilégiant l’intérêt de l’enfant (les besoins des enfants passent avant ceux des adultes) et en favorisant son épanouissement.
La parentalité positive, c’est adopter des comportements qui répondent aux besoins de l’enfant, en termes d’affection, de sécurité, d’attachement. Un mode d’éducation centré sur le bien être de l’enfant, où les parents s'efforcent de faire preuve de patience, d'écoute, de compréhension, de sensibilité, de réceptivité et de soutien envers leur enfant.
Un juste milieu entre une éducation autoritaire et une éducation permissive ou laxiste, en fixant les règles et limites dont l’enfant a besoin pour se développer et s’épanouir pleinement.
Le Conseil de l'Europe la considère comme l'approche éducativela plus à même de respecter les Droits de l'Enfant et a entrepris de diffuser une plaquette pour la populariser...
Quelles sources ?
La principale influence est la Communication Non Violente (CNV), méthode de communication élaborée par le psychologue Marshall B. Rosenberg dans le courant des années 70. Cette approche vise le développement chez les individus de capacités de communication et d'empathie permettant d'exprimer leurs besoins et sentiments sans exercer de violence sur leurs interlocuteurs, et ainsi de minimiser les conflits. De nombreux autres auteurs tels que le psychologue Thomas Gordon à l'origine de la méthode de communication gagnant-gagnant, l'enseignant et psychologue Haïm Ginott pour qui l'empathie doit être à la base de la communication parent-enfant et qui a inspiré le travail de Elaine Faber et Adele Mazlish, les auteures du best-seller Parents épanouis, enfants épanouis, ou encore le thérapeute Thomas d'Ansembourg qui a contribué à populariser la CNV dans un cadre plus large que la relation parent-enfant, s'y rattachent aujourd'hui.
La deuxième influence est celle des neurosciences, au développement exponentiel depuis la démocratisation de l'IRM au cours des années 90 dont les résultats sur le fonctionnement du cerveau permettent d'ancrer scientifiquement les hypothèses psychologiques de la CNV. Des auteurs tels que Olivier Maurel militant contre les violences éducatives ordinaires, Catherine Dumonteil Kremer, fondatrice de la revue d'éducation positive PEPS, la pédiatre Catherine Guéguen ou la thérapeute Isabelle Filliozat*, expriment particulièrement ce courant.
Enfin, la troisième influence est celle de la centration sur l'enfant, influence présente en France de longue date au travers de la Pédagogie Nouvelle, et implantée au coeur même du système éducatif par la loi d'orientation Jospin en 1989.
Quelles grandes lignes ?
Pas de fessée, pas de punition
Qu'est ce qu'une punition ?
Pour moi la punition consiste à priver l’enfant de quelque chose qu’il aime, ou qu’il attend et espère avec impatience, parce qu’il n’a pas fait ce que nous souhaitions qu’il fasse, ou parce qu’il a commis des erreurs, ainsi nous espérons le conduire à l’obéissance c’est à dire à la soumission. Tout ce que nous infligeons à l’enfant dans le but de lui faire comprendre quelque chose le blesse et c’est par conséquent une punition. La réparation qui est acceptable quand elle est librement consentie, et qu’elle correspond au stade de développement de l’enfant, peut rapidement devenir sanction lorsque l’enfant y est contraint sans ménagement, ou qu’on lui impose une tâche démesurée par rapport à ce qu’il peut faire.
La punition fonctionne très bien avec la récompense, c’est son alliée. Ces deux-là sont parfaites pour conduire l’enfant là où nous souhaitons qu’il aille tant que nous serons là, il agira pour éviter la punition et obtenir la récompense.
C’est un système qui n’apprend rien à l’enfant, qui insulte son intelligence et sa sensibilité, c’est un mode de fonctionnement qui ne lui permettra pas de développer beaucoup d’attention à l’autre. Quand on a mal, on est centré sur soi, et on essaie juste de trouver rapidement un moyen pour que cela ne recommence pas. Idem pour la récompense, ce que l’on a fait de satisfaisant n’est pas ressenti en terme de plaisir de donner, mais d’excitation à l’idée de recevoir, d’ailleurs quand on est récompensé c’est cela seulement qui motive nos actes, alors que le fait d’aider et de soutenir quelqu’un est très nourrissant pour un individu, en récompensant on court circuite le ressenti de ce plaisir, et évidemment une fois la récompense disparue on n’est plus motivé pour contribuer au bien être de l’autre.
Outre le fait que ce jeu manipulateur est totalement inefficace pour ce qui est de l’enfant, de sa compréhension de ce qui l’entoure et du pourquoi certaines actions sont à éviter ou au contraire utiles à la communauté, il nous poursuit et conditionne nos comportements d’adultes sous différentes formes. Nous recherchons malheureusement très souvent l’approbation des autres autour de nous, c’est une récompense, nous n’osons pas affirmer nos choix par crainte d’être punis par le jugement de nos pairs. C’est très difficile de se débarrasser de ces attentes, nous sommes évalués en permanence, nous ne « pouvons » pas être vraiment nous mêmes, ou au contraire en rebellion en quasi permanence nous ne pouvons plus nous connecter aux autres avec confiance et sécurité, la constestation est devenue notre centre, nous ne pouvons pas être simplement nous mêmes, détendus, capables d’accepter la différence et de manifester la nôtre. Malheureusement la punition en tant que système éducatif a encore de beaux jours devant elle. Vraiment je pense qu’on peut cesser de croire qu’en faisant mal à un enfant (psychologiquement ou physiquement) il va faire ce que nous voulons, s’il le fait c’est qu’il a peur, si nous le manipulons il deviendra manipulateur, il saura très bien sur quelle ficelle tirer pour être récompensé, et ce qu’il doit éviter de faire en présence de ses parents pour ne pas être puni.

Poser des limites
Il ne s’agit pas de vivre sans limites, et sans règles de vie, mais simplement de ne pas punir, de ne pas frapper, de ne pas manipuler, mais dire non, je ne suis pas d’accord, contenir physiquement un tout petit qui se précipite pour traverser la route (avec force mais sans violence) et mille autres choses, oui bien sûr…
Remettre en question nos règles aussi. Pourquoi est-ce que je ne parviens pas à tolérer cela ?
D’ou cela vient-il ?
Se rendre compte que lorsque l’on lâche une règle vraiment très profondément de l’intérieur, il n’y a plus aucun problème avec elle ! Les enfants sentent nos tensions, elles leur font faire beaucoup de « bêtises » qu’ils n’auraient jamais faites si nous étions moins perturbés.
On peut aussi voir les choses de ce point de vue … Qu’est-ce que ça doit être pénible et difficile pour nos enfants de vivre avec nous qui sommes de véritables handicapés émotionnels !
Dire non, c’est naturel, ce qui ne l’est pas c’est de vouloir blesser l’autre pour qu’il fasse ce que nous voulons qu’il fasse. La motivation la plus efficace est entraînée par l’amour, la compréhension, le besoin de contribuer au bien être de l’autre. Pour les enfants, cela arrive peu à peu, et de plus en plus selon la façon que l’on a de les traiter.
Mais c’est très clairement de nous que cet exemple provient.
Pour autant je n’ai jamais laissé mon enfant faire n’importe quoi, je dis non, j’explique (même si à un ou deux ans, les paroles ne servent pas à grand chose), je joues, et souvent je rouspète ! Punir est contre-productif et inefficace, c’est la porte ouverte au mensonge, car pour pouvoir faire ce qu’il veut notre enfant mentira plus tard.
Et puis, il y a une différence entre « je ne supporte plus que mes enfants crient parce que je suis épuisée » et « ils n’ont pas à crier », ceci pour prendre un exemple !
Je trouve que leur demander d’aller à la cuisine ou dans le jardin pour crier tout leur saoul, dans une ambiance joyeuse, et non punitive, ça ne ressemble pas à une punition.
Tout ça, je trouve que c’est très fin et subtil, un regard noir, une bousculade, une colère qui va loin, et on tombe dans la violence...
Punition et conséquences
Personnellement, je trouve que la punition porte atteinte à la dignité de l’enfant alors que la conséquence nourrit son expérience, et son intelligence, son sens pratique.
Si vous ne travaillez pas assez vous prendrez du retard et les enfants ne pourront pas faire de judo, ça pourrait être une conséquence, mais quand on dit si tu ne manges pas tu ne vas pas au judo, le fait de ne pas manger n’a pas pour conséquence : ne pas aller au judo.
La conséquence est peut-être ta crainte que ton enfant se trouve sans force pour faire face à son activité. La conséquence c’est qu’il va expérimenter une activité physique le ventre vide, qu’il aura peut-être faim après, qu’il mangera avant d’y aller la prochaine fois s’il n’est pas sous la contrainte de le faire.
Ce qui je crois différencie la conséquence de la punition, et qui permet de détecter la conséquence quand on ne sait pas trop justement si on punit ou pas, c’est notre volonté d’aider nos enfants à réaliser leurs projets.
Nous sommes en retard, comment pourrait-on faire pour que vous fassiez du judo et votre travail, trouvons une solution afin que le judo que vous aimez tant ne soit pas supprimé.
Une solution qui ne passe pas forcément par ce qu'on souhaite : qu’ils fassent leur travail.
Quand on punit, on a dans l’idée que priver l’enfant d’une chose qu’il aime va l’aider à agir selon nos choix, il n’en est rien.
Les pleurs des bébés
Je voudrais répondre à cette simple question : les bébés doivent-ils pleurer ?
Ca te met mal à l’aise, ça te chagrine que ton bébé pleure, heureusement que l’on a du mal à se désensibiliser de ce côté-là ! Tout le monde autour de nous le voudrait bien d’ailleurs, qu’on arrête de réagir aux manifestations de désespoir de nos bébés, mais ça nous tord de l’intérieur, et tant mieux, ça nous pousse au moins à agir pour le mieux être de notre enfant.
Les pleurs sont un signe, signe qu’il y a eu une souffrance juste avant, et ils se manifestent pour rééquilibrer la situation, ce sont des mécanismes de régulation physiologique.
Au mieux quand un bébé pleure ses parents cherchent la source de sa souffrance, essaient de le réconforter, à cet âge là il y a vraiment de nombreuses raisons de souffrir.
Il arrive que l’on ne trouve aucune solution, le bébé va pleurer et le mieux que nous ayons à faire je crois c’est de l’écouter, d’être proche de lui, de lui donner notre attention aimante.
C’est pour moi toujours un deuxième choix concernant les bébés, ils n’ont pas vraiment le choix et sont totalement dépendants de nous, nous leur DEVONS protection et soutien, à dix huit mois un enfant commence à faire des expériences par lui même, et à vivre les conséquences de ces expériences, s’il tombe qu’il pleure, qu’il fait cela avec ses parents, tout ira bien, il ajuste de lui même son état intérieur, s’il est frustré et qu’il vit une crise de rage, nous pourrions avoir la même attitude d’écoute et d’acceptation.
Nous continuons à leur devoir soutien et protection dans le respect de leur jeune personne et l’amour désintéressé.
Les pleurs seront toujours là, pourquoi vouloir les éviter ? Je vois beaucoup de parents qui « mentent » à leurs enfants dans le but d’éviter leurs émotions, avec la meilleure volonté du monde d’ailleurs, mais en attendant ce message faussé et confortable, on peut en prendre l’habitude et mentir à chaque fois qu’une manifestation de tristesse ou de colère montre le bout de son nez. La vie quotidienne est faite de petits détails qui s’accumulent, au bout du compte ce sont ces détails qui finissent par donner une coloration à l’accompagnement de nos enfants.
Vouloir éviter les émotions, les problèmes, n’est pas anodin, on empêche l’autre de vivre une partie de ce qu’il est, de ce qu’il ressent. Mais lorsqu’on regarde la vie sur le long terme, on se rend compte que les problèmes évités aujourd’hui, les émotions non écoutées, se manifesteront toujours sous une forme ou une autre, il n’y a qu’à se regarder dans une glace et surtout se laisser éprouver tous les sentiments inconfortables que nous pouvons vivre pour se rendre compte à quel point nos souffrances passées tirent les ficelles.
Dans le même paquet j’ajoute que la séparation pour un enfant de cette âge c’est une sacrée souffrance, qui lui est imposée, que peut-il faire d’autre que pleurer ? Il y a peut-être des moyens d’aménager la séparation pour la rendre moins difficile pour lui, mais elle ne correspond pas à ses besoins. Même si elle est fortement banalisée par la société.
Cette idée qui nous dicte que c’est normal et même souhaitable de se séparer pour aller travailler, se marie assez bien je trouve avec celle qui voudrait nous faire croire que lorsque nous décidons de rester avec nos enfants pour les « élever » nous ne faisons rien du tout, effectivement si c’est pour ne rien faire pourquoi vivre avec nos enfants ?
Ces formules toutes faites nous intoxiquent, et c’est dommage.
Les détracteurs
Ce courant d'éducation positive provoque bien des réactions, plus ou moins bienveillantes ! La première critique entendue est que cette pédagogie tend à culpabiliser les parents, à montrer du doigt ceux qui font des choix différents, comme si les "parents positifs" considéraient les autres comme des tortionnaires ! Or, on sait bien que le parent parfait n'existe pas. En revanche chacun tend à faire des choix qui soient les meilleurs possibles, en restant fidèle à ses propres valeurs. Donner une fessée ou une tape sur la main à un enfant dans un moment de fatigue, de stress d'énervement, cela peut arriver à n'importe qui. En faire un outil d'éducation, c'est autre chose. Dénoncer la fessée comme acte violent, n'est pas un jugement de la personne qui le commet, mais de l'acte lui même. Ouvrir les mentalités de toute une société à de nouvelles manières d'éduquer, cela prend du temps, surtout quand la société en question est ancrée dans une tradition d'éducation autoritaire, dominée par le patriarcat...
Quels liens pour nous les pros ?
Mes lecteurs professionnels de la petite enfance se demandent peut être en quoi tout cela les concerne dans le cadre de leur travail. Bien sur en crèche la question de la fessée ne se pose pas.
En revanche il y a une multitude de petites actions, de petites habitudes parfois très ancrées, qui peuvent se rapporter à de la "violence éducative ordinaire", ou "douces violences".
Je conseille d'ailleurs tout particulièrement (pour ceux qui ne l'ont pas lu) le livre de Christine Schuhl sur le sujet.
La Violence Educative Ordinaire, selon l’OVEO, rassemble “les diverses formes de violence utilisées quotidiennement pour éduquer les enfants, dans les familles et les institutions (écoles, crèches, assistantes maternelles…).”
Plus concrètement, la violence éducative ordinaire comprend, bien entendu, la violence physique, les châtiments corporels : gifles, fessée (que 85% de Français continuent à pratiquer aujourd’hui). Mais elle comprend aussi toutes ces autres formes de violences, bien plus discrètes, dont les dégâts sont pourtant tout aussi importants sur l’enfant : l’amour « conditionnel » (je ne t'aime pas quand tu fais ça), le chantage (range tes jouets si tu veux venir à table), les menaces (attention je compte jusqu'à trois !), les punitions (mise à l’écart compris !), les humiliations (tu manges comme un cochon !), les injures (tu es méchant !)
Quelques outils pour éradiquer la violence éducative des pratiques :
1- Supprimer tout châtiment corporel envers les enfants (tape sur la main, gifle, fessée, etc.).
2- Connaitre les étapes du développement de l’enfant et la psychologie enfantine
3- Prendre conscience des mots, des attitudes et des comportements qui, sans que nous nous en apercevions, peuvent faire du mal aux enfants.
4- Apprendre à les écouter « vraiment », à accueillir avec bienveillance leurs sentiments et leurs émotions qu'elles soient positives ou négatives.
5- Chercher, tester et trouver des alternatives aux cris, aux punitions, au chantage et aux menaces (notamment en apprenant à poser efficacement les règles et limites dont les enfants ont tant besoin, et en limitant au maximum le nombre de règles)
6- Apprendre à résoudre les conflits « sans perdant ».
7- Cesser de leur « donner des rôles » et de leur « coller d’étiquettes » ; les aider à se défaire de celles qu’ils se sont collées eux-mêmes. Ne pas anticiper les comportements des enfants (par exemple être sansa arrêt "sur le dos" d'un enfant qui a tendance à mordre, lui dire avant même qu'il ai fait quoique ce soit "attention tu ne mords pas !")
8- Apprendre à gérer de manière bienveillante les jalousies et rivalités
9- Développer leur autonomie, faire confiance à l'enfant, le croire capable de...
10- Tout faire pour développer leur confiance et leur estime de soi.
Sources :



http://pepsmagazine.com

http://www.les-supers-parents.com
http://www.cdumonteilkremer.com
http://www.slate.fr/story/104319/education-positive
http://familleharmonie.com
http://educationbienveillante.org
http://www.liberation.fr/vous/2015/05/31/l-education-positive-nouveau-dogme-parental_1320312
http://www.lepoint.fr/societe/la-discipline-positive-clef-d-une-meilleure-education-23-03-2012-1444348_23.php
http://madame.lefigaro.fr/societe/jai-teste-discipline-positive-060213-344210
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